
POCKET MONEY EXTRA CASH fait référence à la disparition du cash, à la peur du manque d’argent, exprimée par la sensation de vertige donnée par un corps qui se tient au bord du vide.
Une quarantaine de billets de 20€ sont empruntés auprès de différentes personnes pour la performance. L’argent, considéré dans un aspect purement matériel et symbolique, se retrouve pour un temps comme suspendu de l’économie mondiale. Les billets deviennent de minuscules drapeaux, je leur crache dessus, je les manipule, ce sont des pailles à cocaïne passant d’une poche à l’autre de mon jean, des boules de papier froissées… Avec ces postures, je cherche à convoquer des personnages, en passant de Cowgirl à magicienne, à celle d’une femme dangereuse, posant le doute sur l'origine de cet argent cash et les manières de se le procurer.
Du haut du toit d’un building, une enceinte diffuse un discours d’une voix faisant allusion au contrôle que l’argent peut avoir sur nos vies et du pouvoir qu’il confère entre nos mains. À la fin de la performance, chaque billet est rendu à son propriétaire portant les marques de son utilisation.
Sur un toit parmi les bâtiments, j’ouvre une banque centrale à taux zéro
je fais face aux laveurs de carreaux, aux femmes de ménage
à celles et ceux qui quittent le bureau.
Je fais des allers-retours entre les vides qui m’entourent
et je dégaine billet sur billet comme une cowgirl
la sensation instable de mon argent précarisé.
Cette performance a été réalisée sur le toit du Serpentin en juin 2021 à Bruxelles lors de l'exposition IT’S MY PLEASURE. Cet espace a été occupé par des étudiants en art sous l’enseignement de Joëlle Tuerlinckx.
Une archive de Pocket Money Extra Cash figure dans le catalogue Money River. 72.000.002.214.018,80, produit par Various Artists, rassemblant des œuvres qui examinent la situation financière des artistes qui semblent ignorer leur rôle dans la société.

(photo : Emmanuelle Quertain)
Moi j’ai rien vu, je vous l’ai déjà dit. Je ne sais pas ce qui s’est passé cette nuit-là. Je suis prête à mettre en gage tout ce qui passe entre mes mains en tant qu’unique garantie. Prête à courir, en m’acquittant de ce que je suis chargé de faire. De toute façon qu’est ce que je pourrais bien en faire de tout ça, puisque de l’argent il y en a, mais celui-ci n’est tout simplement pas le mien. L’argent ne nous appartient jamais. Il y a bien des promesses que j’ai dû faire pour en arriver là et je vais devoir les tenir jusqu’au bout afin de leur donner du crédit. Il n’y a rien à dépenser là-dedans, que l’honneur des contrats qui compte avec l’assurance de disposer gracieusement et partout de la même faveur. L’argent c’est le substitut de la confiance des êtres les uns envers les autres. Soit on apprend à le compter ou à devoir faire sans, en le faisant disparaitre pour nous en déprendre, tant qu’il existe.
Tu veux construire quelque chose ? Tu veux voyager ? Tu veux expérimenter ? Tu veux faire ton film ? Tu veux aider quelqu’un ? Tu veux faire quelque chose de gratuit ? J’ai tout ce qu’il faut pour te réaliser mais va d’abord falloir passer entre mes mains : formuler tes envies pour qu’ils entrent dans mes attentes, en passant une série de contrôles, d’approbation, le cribles de mes standards, de correction jusqu’à ce que tes désirs ne deviennent plus que l’épitaphe ironique de ce que je t’ai déjà volé. L’argent me va si mal tout compte fait.